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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/132

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LES ÉTRANGES NOCES

leur position de réseaux de fil de fer, de trous de loup et de fougasses qui éclairaient à chaque instant la nuit d’une lueur d’enfer ; enfin ils avaient amené une artillerie qui répondait coup pour coup à l’artillerie bulgare.

Au milieu de ces rochers, dans des entonnoirs où bouillonnait la mort, c’était un tumulte sans nom.

L’air était déchiré de cent tonnerres ; des monceaux de rocs étaient projetés de toutes parts, les shrapnells éclataient au-dessus des tranchées, tuant ceux qui se croyaient le plus à l’abri ; mais rien ne résistait à la « mitraille humaine » ! C’était encore la plus forte, elle qui allait déloger de leur retraite souterraine où le plomb n’avait pu les atteindre, les soldats de Mouktar pacha !

Comment Rouletabille se trouva-t-il tout à coup, au beau milieu du combat, près d’Ivana, qui accrochait une baïonnette à son fusil fumant ?

Il n’eût pu le dire… et il n’eût surtout pas pu dire comment ils se trouvaient encore intacts tous deux sous cette effroyable pluie de fer.

Le tir concentrique des Turcs était parfaitement dirigé et les obus étaient tombés drus sur les troupes à l’assaut en même temps que sur leurs pièces de campagne. Près des jeunes gens un chef de pièce et ses suivants avaient été mis en morceaux, la cervelle jaillissant des crânes et les entrailles répandues à terre dans une boue sanglante. Des suivants de réserve, venus remplacer leurs camarades, avaient subi