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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/136

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LES ÉTRANGES NOCES

Quant à La Candeur, il ne paraissait plus que le spectre de lui-même et il accablait sa poitrine de grands coups sourds comme font les pécheurs pénitents qui récitent avec une touchante ardeur leur mea culpa.

La Candeur s’accusait de la mort de Rouletabille et Vladimir avait grand’peine à le consoler. Ils avaient été séparés du reporter assez brusquement et ne l’avaient plus revu ; ils l’avaient cherché toute la nuit parmi les cadavres.

— Ah ! si je l’avais suivi plus vite, si j’avais été. moins lâche, gémissait La Candeur, il serait encore en vie !… Je l’aurais défendu !… Je me serais placé devant lui !… Je serais mort à sa place !… Vladimir, tu ne sais pas tout ce que je dois à Rouletabille !… Dans mes reportages, c’est toujours lui qui m’a tiré d’affaire !… Sans lui, j’aurais été jeté à la porte du journal dix fois !… Je serais mort de faim !… Il m’a toujours défendu !… Il m’a toujours aidé… C’était un ami, celui-là !… Et moi je l’ai abandonné !…

— Pleure pas, dit Rouletabille, me voilà !…

Ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre. La joie étouffait La Candeur… Tout à coup il se redressa en poussant un soupir effrayant :

— Malheureux ! s’écria-t-il, voilà ton mauvais génie qui revient ! Elle n’est donc pas morte, celle-là !

Rouletabille tourna la tête et aperçut Ivana. Il repoussa La Candeur en lui disant :