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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/137

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DE ROULETABILLE
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— Laisse-moi… tu ne m’aimes pas !

La Candeur chancela.

— C’est bien, c’est bien, fit-il, d’une voix sourde… s’il faut, pour t’aimer, aimer aussi celle-là, je l’aimerai !

— Alors, dit Rouletabille, veille sur elle comme tu veillerais sur moi…

— C’est entendu ! grogna l’autre.

— Je puis compter sur toi ?

— Je n’ai pas besoin de te le répéter…

Ivana arrivait, en effet… Elle était hâve avec une flamme sombre au fond de ses yeux magnifiques, déguenillée, les cheveux tordus farouchement sur le sommet de la tête et retenus par une écharpe flottante ; elle avait passé un pantalon de fantassin que retenait à la ceinture la cartouchière. Elle avait son fusil sur le bras. Elle avait du sang à l’épaule. Elle était effrayante et belle.

Rouletabille voulut lui demander des nouvelles de sa blessure. Elle lui répondit :

— Les avant-postes viennent de recevoir l’ordre d’avancer ; venez-vous avec moi ? et elle gagna le chemin…

— Ah ! ça ne va pas recommencer ! grogna La Candeur.

Rouletabille le regarda tristement :

— C’est bien ! c’est bien !… On y va !… dit La Candeur.

Et le bon géant, baissant la tête, emboîta le pas à