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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/14

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LES ÉTRANGES NOCES

nier par Kara-Selim délivré, et adressée par lui (avec quel hideux sourire de remerciement !) à Ivana surprise, sans qu’elle s’en fût aperçue, par Rouletabille sur la tour. Le reporter se retourna sur sa selle et demanda à Vladimir :

— Que signifient ces mots : Benem ilé guel !

— Cela veut dire, répondit Vladimir : « Viens avec moi ! Viens me rejoindre ! »

— Parbleu ! gronda Rouletabille !… moi aussi, je vais avec elle !… je vais avec eux ! et si Dieu est juste, il me permettra de leur faire expier leur crime !

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Il pouvait être cinq heures du soir quand ils virent poindre les toits d’un gros village en avant d’Almadjik…

La route qu’ils avaient prise commençait de montrer certaines particularités qui les étonna tout d’abord mais auxquelles, par la suite, ils devaient facilement S’habituer chaque fois qu’ils eurent à pénétrer dans un village, bourg ou bourgade, enfin dans ce qui avait été, à un titre quelconque, une « agglomération » ; sur les côtés du chemin tout était dévasté. Les cabanes des paysans paraissaient avoir été éventrées par quelque cataclysme qui s’était acharné à défoncer portes et fenêtres et avait çà et là allumé des incendies.

Sur le seuil de ces sinistres chaumières, il n’était point rare d’apercevoir des cadavres de femmes et d’enfants qui gisaient parmi des mares de sang et dans le plus pitoyable état.