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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/16

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LES ÉTRANGES NOCES

culièrement à Bakou et à Balakani, lors des massacres entre Tatares et Arméniens.

Il n’avait d’yeux que pour une silhouette cavalière qui venait de surgir au coin d’une ruelle… Ivana !… C’était elle !… Il ne pouvait en douter, c’était elle !… Les avait-elle vus ? Elle était soudain partie dans un galop de folie et avait enlevé son cheval par-dessus un monceau de décombres et de cadavres fumants…

En même temps elle avait jeté un grand cri sauvage, tiré son sabre du fourreau et, le brandissant dans un moulinet stupéfiant au-dessus de sa tête, avait disparu au coin d’une autre ruelle qui conduisait à la place de la Mosquée, dont on apercevait le haut minaret enveloppé de flammes.

Rouletabille demanda un suprême effort à son cheval qui, depuis quelques instants, montrait des signes de fatigue… Il voulut l’enlever, lui aussi ; mais la bête buta au milieu des décombres et le reporter roula sur le sol avec sa monture, contre laquelle vinrent donner La Candeur, Vladimir et Tondor. Ce fut une chute générale et fort brutale dont les reporters, ainsi que leur domestique, se relevèrent assez éclopés.

Rouletabille néanmoins se mit à courir dans la direction suivie par Ivana. Ses camarades le suivirent cahin-caha.

On entendit alors des coups de feu et un certain tumulte du côté de la place du village. Ils allaient déboucher sur celle-ci quand ils ne furent pas peu