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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/17

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DE ROULETABILLE
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surpris d’être arrêtés par Ivana elle-même qui se trouvait à pied comme eux tous. Sa bête fumante tombée auprès d’elle, au milieu de la rue, ruait des quatre fers, en agonie, le poitrail frappé d’une balle.

Un bruit de bataille, le crépitement de la mousqueterie éclatait à quelques pas et des projectiles vinrent siffler à leurs oreilles.

Ivana était dans une agitation extraordinaire.

Elle leur ordonna, les bras étendus, de ne pas aller plus loin |

— Les Turcs massacrent tout ! Ils n’ont pas encore abandonné le village : méfions-nous… ils ne nous épargneraient pas !

— Et Gaulow ? demanda Rouletabille.

— Il a rejoint les Turcs ! répondit-elle d’une voix sombre. Il s’en est fallu de quelques minutes que je ne le rattrape…

— Gaulow s’est donc échappé ! gronda une voix bien connue. Tous se retournèrent. Athanase Khetew venait d’arriver derrière eux, tout juste pour entendre la phrase d’Ivana. Il eut un geste de malédiction sur sa bête fumante et regarda avec mépris les reporters.

— Je vous l’avais confié… dit-il simplement.

Ivana prit la parole :

— Nous avons été trahis au dernier moment par le Katerdjibaschi (chef des muletiers)… C’est lui qui lui a procuré la corde pour s’échapper du donjon. Aussitôt que nous nous en sommes aperçus, nous ne