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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/208

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LES ÉTRANGES NOCES

Enfin La Candeur se glissa subrepticement dans l’escalier et se coucha sur le paillasson de la chambre de Rouletabille, devant la porte close, décidé à y passer la nuit et faisant entendre de temps à autre de sourds glapissements qui n’avaient plus rien d’humain.

Tout à coup retentit un cri de douleur si effrayant poussé par Rouletabille que La Candeur, en une seconde sur ses pattes, jeta bas la porte d’un coup d’épaule et se rua dans la chambre.

À la lueur d’une lampe, il vit Rouletabille debout, la poitrine oppressée, qu’il déchirait de ses ongles, la figure tragique, les yeux grands ouverts, comme habités par l’épouvante. La Candeur ouvrit ses bras et reçut Rouletabille sur son cœur, en sanglotant :

— Qu’est-ce qu’il y a ?… Qu’est-ce qu’il y a ?…

Il y a qu’elle m’aime ! s’écria Rouletabille en pleurant lui aussi et en rendant son étreinte au bon géant.

— Et c’est pour cela que tu pleures ? Et c’est pour cela que tu cries ?… Mais si elle t’aime, mon petit Rouletabille, si elle t’aime, épouse-la !…

— Elle m’aime, et nous sommes séparés pour toujours !… Comprends-tu ?… Séparés par une chose épouvantable… épouvantable !… épouvantable !… Ah ! la malheureuse !… la malheureuse !… Et malheureux que je suis ! Tout est fini !… Et moi qui l’accusais !… Je n’ai plus qu’à mourir !…

— Allons ! allons ! pas de bêtises ! gronda le géant,