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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/218

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LES ÉTRANGES NOCES

— Bon ! maintenant il va se faire moine ! s’écria La Candeur,

— Si on est bien ? s’écria M. Priski. C’est-à-dire que c’est le paradis sur la terre. Imaginez au milieu de jardins merveilleux, un vaste édifice, simple, bien aéré, avec un large réfectoire. Le cuisinier est excellent ; il fait même le civet de lièvre et le macaroni avec une rare habileté. Enfin le supérieur a cette mine réjouie et ces manières affables qui attestent qu’on a l’esprit tranquille et l’estomac en bon état !…

— Voilà un bon couvent, dit La Candeur. Si tu y entres, j’y entrerai certainement avec toi !

— Et il faut tant d’argent que ça pour être reçu dans ce monastère ? interrogea encore Rouletabille en poussant un soupir.

— Messieurs, ce monastère est riche ; s’il acceptait tous les sans-le-sou qui, dans ce pays, ne demandent qu’à se faire moines, non seulement c’en serait fini de sa richesse, mais encore de sa bonne renommée, Il faut vous dire qu’on vient le voir du bout du monde… Il a été placé sous la haute protection d’un saint que l’on a déterré non loin de là et dont on a mis les restes dans du coton. Aux jours de grande cérémonie, aux anniversaires du martyre, le coton se vend bien ! J’ai assisté à l’une de ces fêtes, monsieur ; moi qui jusqu’alors étais un païen, j’en ai l’esprit tout retourné. C’était magnifique. D’innombrables lampes suspendues à la voûte, projetaient sur la nef des feux de toutes couleurs. Dans une des ailes se tenait un