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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/225

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DE ROULETABILLE
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Les chevaux étaient tout sellés. L’affaire fut vite faite. Les reporters, lançant leurs bêtes à toute allure, ne s’arrêtèrent qu’une heure plus tard. Ils n’avaient plus à craindre les Bulgares, mais les Turcs.

Rouletabille commença de mettre en ordre ses papiers. Il dissimula dans une poche secrète la lettre du général-major et sortit les fameux papiers chipés à Kirk-Kilissé, signés de Mouktar pacha et empreints de son sceau. Puis, s’estimant à peu près en règle, il permit aux chevaux de souffler.

En suivant les bords de la Maritza, il causait avec M. Priski. Rouletabille ne perdait jamais une occasion de s’instruire.

Ainsi, dans le moment qu’il tentait de se rapprocher de cette Salonique habitée par le sultan déchu, il se faisait donner des détails sur l’existence d’Abdul-Hamid, et ce n’était point simplement pour en tirer un bon article.

M. Priski savait beaucoup de choses par Kasbeck, qui était le seul homme, si l’on peut dire, de l’ancien parti, que le nouveau gouvernement tolérait auprès d’Abdul-Hamid, parce que Kasbeck, en même temps qu’il avait conservé pour son ancien maître des sentiments de dévouement à toute épreuve, entretenait avec le pouvoir actuel d’excellentes relations. Par lui, les ministres pénétraient un peu dans la pensée d’Abdul-Hamid, et, par lui aussi, ils pouvaient, quand il était nécessaire, ce qui arrivait à peu près tous les quinze jours, démentir les fausses nouvelles