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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/227

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DE ROULETABILLE
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— Et maintenant, est-ce qu’on le laisse libre de recommencer de pareilles horreurs ?

— Eh, monsieur, c’est une question bien délicate que celle du harem. Du moment qu’on lui laisse son harem, si réduit soit-il, il peut toujours faire dans ce harem ce qu’il lui plaît. Ça, c’est la loi du Prophète. Tout fidèle à droit de vie ou de mort dans son harem.

— Pressez un peu votre bête, monsieur Priski !… À ce train, nous n’arriverons jamais à Dédéagatch !… Et dites-moi, présentement, il a beaucoup de femmes avec lui ?

— Mon Dieu, il en a dix, ce qui n’est guère.

— Et comment se conduit-il à Salonique ?

— Eh bien, en dehors de quelques accès de colère comme ceux que je vous citais tout à l’heure, il se conduit fort convenablement. Il est très surveillé à la villa Allatini, mais soigné comme coq en pâte. Il est peut-être, à l’heure actuelle, l’homme le plus heureux de l’Empire ottoman. Voici à peu près ce que nous disait le seigneur Kasbeck :

« Oublieux, insouciant, il se promène dans ses vastes jardins, fumant avec délice des cigarettes de tabac fin, spécialement confectionnées pour lui. Il établit minutieusement avec son cuisinier le menu du jour et savoure lentement de multiples tasses d’un café exquis et parfumé. Nul autre souci ne le hante, si ce n’est ses galants propos avec les dames de céans.

« Tout ce qui se passe hors les murs de la villa