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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/228

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LES ÉTRANGES NOCES

reste étranger à Abdul-Hamid. Volontairement, il demeure ignorant des bruits extérieurs. Si d’ailleurs il lui prend fantaisie d’interroger ceux qui l’approchent sur les événements politiques, il ne reçoit que des réponses vagues et sans précision. Ordre est donné de se taire.

— Je me suis laissé dire, fit Rouletabille, qu’il espérait encore revenir sur le trône et qu’il était entretenu dans cette espérance par beaucoup de ses amis qui se remuent à Constantinople, et préparent dans l’ombre, à la faveur des événements actuels, une révolution ?

— Ceci, monsieur, répondit M. Priski, est de la politique, et la politique ne regarde point un pauvre moine comme moi !

— Ne dites donc point que vous êtes moine, dans cette région dangereuse pour les orthodoxes, monsieur Priski. Il ne suffit point d’avoir enlevé votre robe, il faut encore surveiller vos propos !… Tenez, voici justement une patrouille turque à laquelle nous n’allons certainement point échapper.

Quelques balles vinrent à ce moment saluer les reporters, qui agitèrent aussitôt leurs mouchoirs, en criant de toutes leurs forces :

— Francis ! Francis !

Bientôt, ils étaient entourés et expliquaient au chef de la patrouille qu’ils étaient des reporters français attachés à l’état-major de Mouktar pacha et qu’ils avaient été obligés de fuir, après la déroute de Kirk-