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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/243

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DE ROULETABILLE
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moins longtemps sur le système de déclenchement.

Cette aiguille se mouvait si follement vite qu’il était impossible de savoir à l’avance sur quel numéro elle allait s’arrêter.

— Je comprends maintenant votre amour excessif de la géographie, dit Rouletabille, amour qui m’intriguait tant à la Karakoulé et aussi le besoin maladif que vous aviez de toujours savoir l’heure !… Il y a longtemps que vous avez cette montre-là ? demanda-t-il en la mettant dans sa poche.

— Monsieur, c’est une montre, répondit Vladimir, à laquelle je tiens beaucoup, car elle m’a été donnée il y a quelques années par une personne qui m’est chère.

— Par la princesse ?

— Justement, par la princesse… Ça a été son premier cadeau… Je partais pour Tomsk, où j’allais attendre avec quelques confrères de la presse moscovite les automobiles qui avaient entrepris le voyage de Pékin à Paris ; cette bonne princesse redouta que je m’ennuyasse pendant le voyage et me fit cadeau de cette montre-roulette pour m’amuser en route. Je dois dire, du reste, que cette montre m’a toujours porté bonheur. Et c’était toujours quand j’avais justement besoin d’argent. Ainsi lors de ce voyage, en revenant en auto de Tomsk à Paris, elle m’a procuré l’une des premières grandes joies de ma vie. Chaque fois qu’un pneu crevait, j’invitais mes compagnons à me suivre sur le talus de la route pendant que le chauffeur répa-