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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/27

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II

VLADIMIR RACONTE UNE ÉTRANGE HISTOIRE À ROULETABILLE



Relevé de sa garde par Tondor (le domestique transylvain de Vladimir, le seul qui restât à la petite troupe depuis la mort héroïque de Modeste et du Katerdjibaschi), Rouletabille rentra dans sa tente, qu’il partageait avec Athanase Khetew.

Le Bulgare dormait profondément, enveloppé dans son manteau qui lui servait de couverture. À la lueur de la bougie plantée dans le goulot d’une bouteille, Rouletabille considéra assez longtemps ce rude visage. Pendant le sommeil, il était vraiment apaisé, c’était une figure d’honnête homme qui ne reflétait aucun remords et qui se reposait de tous les tourments des jours mauvais, lesquels depuis plus de dix ans avaient creusé leurs sillons terribles dans cette chair encore jeune. « Il est digne d’être aimé ! » se dit Rouletabille, mais il pensa qu’Ivana ne l’aimait pas et que c’était une traîtresse qui avait trompé tout le monde.