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LES ÉTRANGES NOCES

Là-dessus, il se déshabilla, fit ses ablutions comme chez lui, éteignit le fourneau à pétrole et se glissa sous les couvertures de son lit de camp. À tout hasard, sur la tablette, il avait mis une carabine toute chargée à portée de sa main. Il s’endormit en pensant à sainte Sophie et il rêva qu’il se noyait dans une cataracte[1].

Depuis une heure, il somnolait ainsi quand il se dressa tout à coup sur son séant, l’oreille au guet.

Il entendait, derrière sa toile, à quelques pas de là, des voix, un chuchotement rapide, puis de sourdes exclamations ; et il reconnut ces voix : tantôt c’était celle de Vladimir Petrovitch et tantôt celle de La Candeur ; celle de Vladimir marquait la plus farouche mauvaise humeur, et celle de La Candeur une extraordinaire satisfaction.

— À toi ! disait l’un.

— Non, c’est à toi ! répondait l’autre et puis il y avait un silence, et puis encore des exclamations.

Rouletabille se glissa dans sa culotte. Il voulait savoir ce qui se passait à côté, et pourquoi ces deux hommes ne dormaient pas, eux qui avaient affecté une telle fatigue.

Sans faire de bruit et sans éveiller Athanase, qui ronflait doucement, il sortit de sa tente et s’approcha de celle de La Candeur et de Vladimir, qui laissait passer, par les interstices de la toile mal jointe, des rais de lumière.

  1. Voir Le Château Noir.