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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/31

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DE ROULETABILLE
27

comment les choses se sont passées… Au commencement, c’est moi qui n’avais pas d’argent et je savais que Vladimir en avait. C’est triste de voyager sans argent. J’ai proposé à Vladimir de lui jouer mon épingle de cravate qui est le dernier souvenir qui me reste de ma sœur morte en me maudissant.

— Pourquoi ta sœur t’a-t-elle maudit, La Candeur ?

— Parce que je m’étais fait journaliste ! Tu comprends que je ne tenais pas énormément à ce souvenir-là. Je m’étais débarrassé de tous les autres. Je jugeais l’occasion bonne pour mon épingle de cravate. Mais ce sera pour une autre fois, car comme tu le vois, je ne l’ai pas perdue !

— Et avec elle tu as gagné tout l’argent de Vladimir ? Dis-moi, combien…

— Je vais te dire… je vais te dire… on a commencé d’abord par jouer petit jeu… tout petit jeu… Mon épingle vaut bien soixante-quinze francs. Vladimir me l’a jouée contre vingt-cinq !… ça n’était guère… le malheur, pour Vladimir, est que de vingt-cinq, en cinquante, en cent… (car Vladimir a le tort de poursuivre son argent, je le lui ai assez dit) je lui ai gagné tout ce qu’il avait dans sa poche… Maintenant, comme je ne suis pas un mufle, je lui joue des billets qu’il me fait. À ce qu’il paraît qu’il a encore de l’argent à toucher sur l’invention de sa cuirasse !

— La Candeur, tu vas me dire combien tu as gagné à Vladimir !

— Qu’est-ce que ça peut te faire ?