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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/330

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LES ÉTRANGES NOCES

c’était toi qui l’avais tué au fond de la chambre des trésors !… vois-tu, petit Zo, j’ai pleuré et j’ai prié le bon Dieu comme lorsque j’étais toute petite… c’était si affreux pour moi de me donner à cet Athanase qui m’a toujours fait un peu peur, que je n’aimais pas, que je n’ai jamais aimé… Et cependant, je n’aurais pu me refuser, petit Zo : je lui avais juré, autrefois, que je serais sa femme le jour où il m’apporterait la tête de Gaulow ! et je croyais qu’il avait tué Gaulow !… je n’avais plus qu’à mourir le jour où j’ai cru cela !… et j’étais bien décidée à mourir… et je me serais tuée certainement à Stara-Zagora où je craignais qu’Athanase ne vint me relancer, avec la tête de Gaulow, si le général-major ne m’avait reparlé du coffret byzantin et de ce qu’il contenait… alors j’ai compris que ma vie, désormais sacrifiée, pourrait encore servir à quelque chose… mais, petit Zo ! ce que je souffrais de te voir souffrir !…

— Pourquoi ne t’es-tu pas confiée à moi ?

— Ni à toi, ni à personne ! J’avais une honte affreuse de moi !… C’était si horrible ce que j’avais fait… Il y a des choses qu’une femme comme moi n’avoue pas aux autres parce qu’elle a honte de se les avouer à elle-même… Pouvais-je te dire que je souhaitais la perte de ce loyal soldat qu’était Athanase et le salut de cet ennemi de mon pays, de cet assassin de mes parents qu’était Gaulow ?… et qu’entre eux deux je n’avais pas hésité ? Et qu’avec fourberie et traîtrise j’avais prêté mes mains à l’évasion du misé-