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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/34

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LES ÉTRANGES NOCES

militaire pour lequel il a dépensé une véritable fortune. Désespéré, lors de la dernière guerre de la Russie avec le Japon, de n’avoir pu vendre sa cuirasse au gouvernement russe, il est entré dans les bureaux de la censure, à Odessa, et m’a fait cadeau du fruit de ses veilles et de la cause de tous ses malheurs. Plus favorisé que lui, monsieur…

Rouletabille l’interrompit.

— Assez, Vladimir Petrovitch !… Je te jure que si tu ne me dis pas comment tu as eu tout cet argent, je te livre aux autorités bulgares pieds et poings liés ! Tu leur raconteras, à elles, l’histoire de ta cuirasse.

Vladimir vit que c’était fini de rire et commença, en soupirant comme un enfant malade :

— Eh bien, je vais vous dire la vérité !… Elle est beaucoup moins grave que vous ne croyez, et toute cette affaire est arrivée, mon Dieu ! presque sans que je m’en aperçoive.

— Va !…

Rouletabille pensait : « Il est capable de tout ! Pourvu qu’il n’ait assassiné personne ! »

La Candeur, avec une désolante mélancolie et une grandissante inquiétude, regardait du coin de l’œil ces beaux billets dont la possession lui avait causé tant de joie et qui étaient maintenant la cause d’une explication difficile dont, certes ! il se serait très bien passé.

Vladimir commençait :