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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/40

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LES ÉTRANGES NOCES

— Non content de payer vos effets avec de l’argent qui ne vous appartenait pas, vous avez joué le reste et vous l’avez perdu !…

— Eh, monsieur, voilà pourquoi vous me voyez si ennuyé ! Perdre son argent n’est rien, mais celui des autres peut vous causer bien des désagréments !…

Rouletabille se retourna vers La Candeur.

— Tu ne voudrais pas conserver cet argent volé ? lui dit-il.

— Et pourquoi donc ? répondit La Candeur avec des larmes dans la voix, je ne l’ai pas volé, moi, cet argent ! je l’ai honnêtement gagné, il est à moi !…

Rouletabille ne répondit à cette parole égoïste et peu scrupuleuse que par un regard de mépris qui fit courber la tête à La Candeur. Finalement, le chef de l’expédition fit disparaître la liasse de billets dans sa poche.

— Ah ! mon Dieu ! gémit le géant, je ne les reverrai plus.

— Non, tu ne les reverras plus, fais-en ton deuil !… Je les remettrai moi-même à la princesse Kochkaref, à notre retour à Sofa !

Vladimir déclara à son tour d’une voix plaintive et non dénuée d’amertume :

— Du moment, monsieur, que vous trouvez que j’ai mal fait, c’est encore la meilleure solution. Au fond, que l’argent de cette dame soit dans votre poche ou dans celle de La Candeur, le résultat n’est-il pas le même pour moi ?