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LES ÉTRANGES NOCES

À cette voix, l’autre s’approcha avec précaution. Il ne reconnaissait point cette figure, mais Cyrille se nomma et les deux vieillards tombèrent dans les bras l’un de l’autre,

— Celui-là, fit Athanase, est Ivan, le charron, qui a connu aussi mon père.

Et il donna des détails sur Ivan avec une grande volubilité et une jubilation évidente.

La caractéristique d’Athanase, que commençait à démêler Rouletabille, était dans cette opposition continuelle d’une sournoiserie qui lui venait de son long métier d’espion et d’une franchise soudaine où se manifestaient avec éclat ses sentiments jusqu’alors les plus cachés. Ensuite, Athanase conversa à voix basse avec les deux vieillards qui saluèrent les voyageurs et disparurent bientôt derrière les troncs noirs de la forêt desséchée. Athanase attendit quelques minutes, puis il dit aux jeunes gens :

— Maintenant, suivez-moi en silence et vous n’aurez pas perdu votre temps si vous avez de vrais cœurs d’homme.

La singularité avec laquelle Athanase s’exprimait, la lumière qui brillait dans ses yeux et sur son front avaient frappé le reporter.

— Que veut-il dire ? Nous ne l’avons jamais vu ainsi… faisait La Candeur, peu rassuré.

— On dirait un apôtre, dit Rouletabille.

— Moi, je n’aime pas les apôtres, répliqua l’autre.