Aller au contenu

Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

56
LES ÉTRANGES NOCES

— Il est mort comme je vais vous dire, et cela sur saint Georges et les saints, ce fut tel que voilà : Athanase, qui était tombé dans le torrent, réussit lui aussi à en sortir sans être vu des bachi-bouzouks et il grimpa devant moi dans un grand hêtre…

Tous ceux qui étaient là montrèrent le hêtre sur l’autre rive, en disant :

— Ce hêtre-là… ce hêtre-là !…

— Comme vous voyez, reprit le bon Dotchov, l’arbre est très haut ! Bien caché, Athanase pouvait attendre le moment propice à sa fuite. Les bachi-bouzouks, furieux, battaient le pré aux porchers, la campagne, les bois, le ravin… Le malheur voulut que l’un d’eux revint avec son chien et ce chien alla tout de suite à l’arbre. Le chien se mit à aboyer. Les bachi-bouzouks levèrent la tête et aperçurent Athanase. Ils se mirent à tirer dessus comme sur une corneille et bientôt Athanase bascula et vint s’écraser au pied de l’arbre. Le malheur voulut encore que l’un des porchers vint à passer avec deux porcs. Les bachi-bouzouks coupèrent les oreilles d’Athanase et en donnèrent une à dévorer à chaque porc… puis, comme la nuit venait, ils s’en allèrent après avoir dépouillé le cadavre.

« Moi, je me glissai jusqu’à la dépouille de mon ami et l’enterrai comme je pus en creusant la terre avec ma baïonnette. Ainsi est mort Athanase, père de l’Athanase que voici !

— Dotchov, Dotchov, fit la voix grave et profonde