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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/59

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DE ROULETABILLE
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engageâmes ; mais elle céda tout de suite sous nos pas, et toi, qui étais le dernier, tu pus facilement t’en tirer, car tu t’es sauvé aussitôt, d’une façon effrénée, derrière un gros tronc d’arbre qui gisait à quelque distance.

— Certainement, je me sauvais parce qu’on tirait des coups de fusil. Est-ce vrai ?…

— C’est vrai… nous n’avions pas plus tôt mis le pied sur cette passerelle que plus de vingt coups de fusil partaient d’un bois voisin… Le commandement de feu avait été donné en langue turque. Les bachi-bouzouks nous avaient heureusement ratés. Ivan parvint à s’enfuir ; moi, j’avais glissé dans les eaux froides ; les balles sifflaient toujours. Qu’était devenu Athanase ? Je ne pouvais m’en rendre compte. Je parvins cependant à sortir de l’eau, à me jeter dans un taillis. Jamais de ma vie je n’avais eu si peur. Je me croyais sauvé. Je fis mes prières. Ce n’est que vingt-quatre heures plus tard que les bachi-bouzouks m’ont remis la main dessus. Que faisais-tu pendant ce temps-là, Dotchov, que faisais-tu ?…

— Moi, je m’étais terré comme un lapin, répondit sans trouble apparent le vieillard, dans un trou de grotte où je me trouvais aussi bien que dans un cabaret valaque, mais d’où, hélas ! j’ai assisté à la mort du pauvre Athanase. Ce sera le plus grand chagrin de ma vie…

— Raconte, Dotchov, comment Athanase est mort…