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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/62

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LES ÉTRANGES NOCES

entendre sans danger. Or voici ce que je vis et entendis :

« Dotchov sortit de sa cachette et rejoignit les bachi-bouzouks qui l’appelaient. Dotchov reprocha aux bachi-bouzouks d’avoir donné à manger les oreilles d’Athanase, père d’Athanase, aux cochons du pré des porchers. Les autres rirent et lui demandèrent :

« — Dis-nous, vieux drôle, quand tu leur as dit de prendre le chemin de la passerelle, les giaours du comité n’ont rien soupçonné ? »

Et Dotchov a répondu :

« — Rien du tout, ils étaient si contents qu’ils m’auraient suivi au bout du monde ! »

À ces paroles de Cyrille, la foule qui entourait Dotchov fit entendre des paroles de mort et Dotchov, voyant que tout était perdu, se mit à genoux et se cacha la tête dans les mains.

Le pope dit :

— Toute la montagne a des yeux et des oreilles pour les traîtres, mais les traîtres n’auront plus ni yeux ni oreilles !

— De mon hêtre à la passerelle maudite, fit Cyrille, il y a à peine cent pas. J’entendais tout ce qui se disait. Ils se félicitaient d’avoir fait construire cette passerelle pour attirer l’apôtre dans le piège où il devait succomber. Dotchov est un traître qui nous a livrés sans vergogne à nos plus cruels ennemis, les ennemis des comités. Je suis revenu du fond des prisons d’Anatolie pour vous dire cela à tous et le lui