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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/63

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DE ROULETABILLE
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dire, à lui. Dotchov, prie l’âme de saint Georges de te pardonner !

Dotchov retira alors ses mains de son visage et Rouletabille put voir qu’il était inondé des larmes du repentir.

— Georges, pardonne-moi, pria Dotchov, j’ai péché. Prie Dieu pour mon âme noire.

Et en disant ces mots il baisait la croix que lui tendait le pope et frappait la terre de son front.

Il ne tremblait plus ; sa figure s’était éclairée.

— Pendant des années sans nombre, j’ai été un homme perdu ; je ne pouvais plus dormir. Maintenant, il me semble que je me suis confessé et que j’ai communié. Battez-moi si vous voulez et tuez-moi ; je l’ai mérité…

Alors, Athanase fit un signe et les porchers amenèrent les deux cochons qui avaient besoin d’être engraissés.

— Si tu veux mon sabre, dit le pope à Athanase, prends-le, moi je tiendrai la tête de cet homme pendant que tu lui couperas les oreilles…

— Je n’ai point besoin de ton sabre, révérend père, répondit Athanase. Les porcs mangeront les oreilles de Dotchov « vivantes » !

— Très bien, fils, je comprends, répliqua le pope. Ça n’est pas mal ce que tu as trouvé là !

Mais Dotchov aussi avait compris et il poussait des cris désespérés, se frappant la poitrine, disant qu’il avait mérité la mort, mais pas un supplice pareil.