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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/71

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DE ROULETABILLE
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Le traité de paix fut vite conclu, et, sans plus se préoccuper des voyageurs, les pomaks se mirent à confectionner leur repas, autour d’un grand feu qu’ils allumèrent assez joyeusement. Leurs faces noires riaient d’une façon qui impressionnait fâcheusement La Candeur, lequel, du reste, ne trouvait plus aucun sujet de gaieté depuis qu’il avait été soulagé des 40 000 levas gagnés si honnêtement à Vladimir.

— Cristi ! fit-il, en considérant ces démons, je regrette la rue du Sentier, moi ! Ah ! j’en ai eu une drôle d’idée de venir dans ce pays de malheur !…

— La gloire t’y attend ! répliqua Rouletabille…

— La gloire et peut-être la fortune ! ajouta Vladimir, mauvaise langue.

Ainsi les héros d’Homère évoquaient-ils les souvenirs chers de la patrie, sous la tente d’Achille, entre deux combats, aux bords du Scamandre.

— Il est temps d’aller se coucher ! dit Rouletabille.

Ivana était déjà sous sa tente. Elle aussi était de fort méchante humeur, mais c’était à cause de l’arrêt forcé qu’elle subissait dans sa poursuite du beau Gaulow, son mari, après tout.

Les jeunes gens et Tondor, comme la nuit précédente — plus que la nuit précédente, — devaient veiller à tour de rôle, car, en dépit des paroles rassurantes de Vladimir, le voisinage des bandits-gardiens paraissait inquiétant à ceux qui n’en avaient pas l’habitude…