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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/75

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DE ROULETABILLE
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La Candeur tira aussitôt de sa poche son mouchoir qui était immense, l’agita en signe de paix et l’on commença de parlementer..

Il n’y avait pas à résister. Nos reporters furent conduits, non loin de là, au centre d’un petit camp que l’on était en train de dresser, et où se trouvait déjà édifiée une tente fort belle, aux dessins noirs sur la toile blanche, tente qui devait abriter le chef de cette troupe ennemie. En effet, sitôt qu’ils furent entrés, ils aperçurent sur des coussins un homme pour lequel tous montraient une grande déférence. Un turban blanc, large et haut comme une tiare, entourait sa tête, Sa veste bleue étincelait de broderies d’argent, et sur son kilt, semblable à celui des montagnards d’Écosse, pendait un arsenal compliqué de petits instruments d’argent ciselé, dont les anciens se servaient pour charger leurs armes à feu.

Deux longs pistolets se perdaient dans l’écharpe de cachemire qui lui entourait la taille et un sabre était suspendu à son côté par une étroite cordelière de soie rouge à glands d’or. Cet homme avait un grand air de noblesse et fumait avec calme des herbes aromatiques dans un narghilé de grand prix. Les prisonniers le saluèrent, mais il ne daigna point répondre à leur salut. Non loin de lui se tenait une espèce de scribe qui avait en main des sortes de tablettes et qui ordonna, en français, aux jeunes gens de s’avancer. C’était l’interprète.

— Messieurs, leur dit l’interprète, notre seigneur