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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/76

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LES ÉTRANGES NOCES

l’agha a été chargé par les autorités de Sa Majesté le sultan de rechercher et de ramener une petite troupe de journalistes français qui font métier d’espions dans l’Istrandja-Dagh, ayant passé notre frontière sans aucune permission.

À ces mots inattendus, Rouletabille sursauta.

Le reporter prit immédiatement la parole pour protester avec indignation contre l’accusation qui était portée contre ses camarades et lui ! Envoyés par leur journal pour faire du reportage et, ayant terminé leur besogne en Bulgarie, ils étaient descendus dans l’Istrandja-Dagh sans aucun esprit de retour à Sofia ; bien mieux, ils avaient décidé de suivre les opérations de guerre avec les armées turques ; où pouvait-on voir de l’espionnage en tout cela ?

Mais, à leur grand étonnement, l’interprète répliqua que l’agha savait parfaitement que M. Rouletabille (il l’appela par son nom) avait reçu une mission de confiance du général-major Stanislawoff après que celui-ci lui eut accordé une audience spéciale avant son départ !…

— Sapristi ! pensait Rouletabille ! Ils sont bien renseignés !…

Ils paraissaient si bien renseignés et si sûrs de leur affaire que l’interprète ne prenait même point la peine de traduire quoi ce fût à l’agha, lequel continuait de fumer son narghilé avec un certain air de penser à autre chose.

Rouletabille se retourna vers Vladimir et lui dit :