Aller au contenu

Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

80
LES ÉTRANGES NOCES

mais qui des en éloignait, comme si elle avait peur d’un renfort pour Khetew !…

Enfin voilà un événement bien extraordinaire ! Dans une des premières rencontres que les siens, ses frères bulgares ont avec l’oppresseur turc, Ivana Vilitchkov, se contente de regarder !… mais comme elle regardait ! Ce qu’ils voyaient, du reste, avait une véritable grandeur héroïque.

Dans la nuit commençante, éclairée par les flammes du minaret comme par un gigantesque flambeau, deux hommes, au milieu de la place, se livraient un combat furieux. Ils étaient le centre et le pivot d’une lutte acharnée. Autour d’eux, soldats bulgares et bachi-bouzouks se fusillaient, se déchiraient, se taillaient en pièces. Il y avait cinquante engagements partiels, mais on ne voyait que celui-là ! Les deux héros, Gaulow et Athanase, étaient montés sur des chevaux qui semblaient animés de la même haine que leurs maîtres et qui les portaient l’un contre l’autre avec une furie sans égale.

Les deux bêtes et les deux chefs se heurtaient avec une rage qui paraissait devoir, en un instant, les anéantir. On s’attendait, après le choc qui faisait trembler le sol de la place, à ce qu’ils roulassent tous quatre pour ne plus se relever, et l’esprit restait confondu de les voir se dégager pour courir autour de cette arène de carnage et se retrouver avec une force nouvelle !

Les sabres tournaient autour des têtes et s’abat-