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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/90

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LES ÉTRANGES NOCES

Maintenant ils étaient terrés dans cette cave… et ils pouvaient espérer y passer quelques heures tranquilles jusqu’à l’arrivée du gros de l’armée bulgare quand, par les soupiraux qui donnent sur la place, ils aperçurent un mouvement qui les intrigua et bientôt les effraya.. C’étaient toutes les familles osmanlis qui revenaient dans le village, persuadées qu’elles n’avaient plus rien à craindre, et se réinstallaient à domicile.

N’ayant pas trouvé de quoi se loger à Almadjik, elles s’étaient laissé facilement convaincre par les raisonnements optimistes du chef du détachement et s’étaient remises en route pour rentrer chez elles derrière les troupes.

La demeure abandonnée dans laquelle les reporters s’étaient réfugiés allait donc se trouver de nouveau occupée : ils pouvaient redouter d’être à chaque instant découverts. Or la première entrevue qu’ils avaient eue avec l’agha n’était point pour les encourager à avoir une confiance illimitée dans l’hospitalité turque, surtout depuis qu’ils savaient qu’ils avaient été dénoncés aux autorités comme des agents de Sofia.

Si on les fouillait, ils n’avaient sur eux que des laissez-passer bulgares et ils pouvaient être fusillés sur-le-champ, comme espions.

Le propriétaire de la bâtisse, l’une des plus importantes du village, fit bientôt son entrée dans la cour avec sa famille, ses fermes et ses domestiques. Ces gens étaient suivis des charrettes sur lesquelles ils