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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/92

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LES ÉTRANGES NOCES

Et comme si l’événement voulait lui donner raison, des cris terribles montèrent tout à coup dans la nuit, au milieu d’un grand bruit de bataille,

Dés coups de feu se faisaient entendre aux quatre coins du village et toute la soldatesque qui remplissait la place disparut en un instant, fuyant dans un désordre indescriptible, abandonnant armes et bagages.

— Ça ne peut-être que les Bulgares qui reviennent. s’écria Vladimir ! nous voilà bons !

Et il était déjà prêt à se jeter dehors, mais Rouletabille le pria de se tenir tranquille…

En effet, bien que ce fût, comme il était à prévoir, une des colonnes de la troisième armée qui traversait le village, il était bien dangereux de se montrer à cette heure, où la rage des comitadjis qui avaient rejoint cette colonne et la fureur des soldats que leurs officiers étaient impuissants à retenir, anéantissaient tout, tuaient tout.

Des clameurs de mort, les cris des femmes et des enfants que l’on égorge allaient faire frissonner les reporters au fond de leur retraite…

Les Bulgares mettaient à sac les maisons et faisaient autant d’innocentes victimes que les Turcs eux-mêmes. Le sang payait le sang.

Sur la place de ce petit village, les reporters assistaient dès la première heure de la lutte à toute la guerre balkanique et à ses hideuses représailles. Du courage, de l’héroïsme et des atrocités !