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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/99

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DE ROULETABILLE
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Ils marchaient en silence. Rouletabille, à un moment, s’aperçut qu’Ivana pleurait. Il en eut le cœur tout chaviré, car il pensa qu’elle songeait à cette pauvre enfant qu’elle avait été impuissante à sauver. Il crut devoir lui adresser quelques paroles de consolation. Elle lui répondit textuellement :

— Je ne pleure point la mort de cette petite. Son sort était écrit. D’autres enfants turcs mourront encore comme sont morts d’autres enfants bulgares, comme est morte ma petite sœur Irène… Non, je pleure seulement ce coup de couteau dont cette enfant est morte, ce coup de couteau qui m’était destiné et qui aurait si bien fait mon affaire !…

Alors, entendant cela qui dépeignait son état de désespoir causé par une autre mort qui aurait dû au contraire la réjouir, Rouletabille se tut, décidé à ne plus lui adresser la parole, et la laissa marcher devant lui comme une étrangère. Il lui paraissait que tout lien était rompu entre eux deux et que rien ne les rapprocherait plus jamais…