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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/98

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LES ÉTRANGES NOCES

libres comitadjis !… répondirent-ils, et ils voulurent mettre la main sur elle…

— Vous êtes des assassins… s’écria-t-elle.

Alors ce fut une mêlée indescriptible. Les reporters voulaient la défendre et les comitadjis voulaient l’atteindre. La Candeur criait toujours : « Francis ! Francis !… »

Vladimir continuait de les menacer de la colère du général !

Rouletabille s’attendait à ce qu’ils fussent tous passés par les armes avant cinq minutes.

Et Ivana, avec une maladresse qui paraissait voulue, ne cessait pas d’invectiver les comitadjis et de les couvrir d’injures. L’un d’eux se rua tout à coup sur elle et, bousculant Rouletabille, leva un grand coutelas qui était destiné à la poitrine d’Ivana et qui vint frapper la petite musulmane.

L’enfant poussa un soupir, ferma les yeux et glissa d’entre les mains d’Ivana qui était restée debout, immobile, pâle d’horreur et tout éclaboussée de ce jeune sang vermeil.

Aussitôt comme si ce sang répandu avait en la vertu d’apaiser toutes les colères, les comitadjis cessèrent leurs attaques et leurs cris et se mirent à le disposition des jeunes gens pour les conduire à l’état-major de la quatrième colonne de la troisième armée qui venait de s’installer à Almadjik.

Rouletabille accepta aussitôt et les jeunes gens s’en furent, entourés de comitadjis, comme des prisonniers.