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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/103

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histoires au Palais ; je croyais y avoir appris à ne plus m’étonner de rien dans le genre. Nous avons eu quelques révélations retentissantes sur les dessous mondains. La pègre dorée pouvait s’y payer cent mille francs des avocats qui la saluaient bien bas. Le public se retenait d’applaudir. La pince-monseigneur et le pied-de-biche se trouvaient à l’honneur, maniés qu’ils avaient été par des mains gantées chez le bon faiseur. Tout de même, l’histoire de lady Helena me coupait le souffle !

Elle se prétend Roumaine, d’une excellente famille, qui lui a donné une éducation parfaite… Littérature, art, danse, musique, et un don exceptionnel pour les langues. Ses parents la destinaient à un diplomate qui a fait parler de lui dernièrement à la Société des Nations, très riche, mais peu séduisant pour une enfant pleine d’inspiration. Dans un bal, au Casino de Constantza, elle connut un jeune Anglais qui voyageait pour son plaisir et qui avait fait ses études à Cambridge. Vingt-deux ans, amusant, bon danseur, bonne raquette. Elle l’aima. Elle déclara à ses parents qu’elle n’épouserait que lui. C’était Durin. Alors, il portait son véritable nom. Elle ne me dit point lequel. Les parents prirent des renseignements. Le jeune homme, qui recevait une pension d’une façon assez mystérieuse, avait brusquement quitté Cambridge dans des conditions qui restaient obscures. Au fait, depuis qu’il avait passé le détroit, il ne vivait que d’expédients et de larcins. Doué de l’imagination la plus vive, il réalisait avec une chance jamais troublée un rêve d’extravagantes aventures qui séduisit singulière-