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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/104

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ment Helena à laquelle il avoua tout, se posant en héros au-dessus des lois qui n’ont été inventées que pour la protection des imbéciles.

Helena avait eu une scène terrible avec ses parents. On l’avait conduite dans la montagne et claustrée chez des paysans. C’est là que Doug (diminutif de Douglas) vint la chercher, la voler !… Elle était prête à le suivre au bout du monde. Elle devint sa chose, sa maîtresse, son élève !…

Helena semblait avoir conservé de ces premières années un souvenir plein d’ivresse. Leur audace était sans bornes et leurs mensonges joyeux. Leurs plus belles nuits d’amour étaient des nuits de cambriole dans les Palaces ou sur les paquebots, car ils menaient une vie des plus luxueuse, puisant avec autant de grâce que de sûreté dans les richesses accumulées par le labeur des autres. Cette existence, comme on pense bien, n’était point sans danger, mais l’imminente catastrophe ajoutait un piment au plat de leur quotidienne aventure. Ils avaient changé dix fois de nom, de personnages, n’ayant qu’à se baisser pour ramasser papiers et passeports à leur convenance.

Ils s’étaient fait prendre plusieurs fois, mais ils « s’en sortaient » toujours. La beauté d’Helena, unie à l’astuce et à l’adresse de Doug, avait tôt fait de les libérer de toutes les chaînes, de leur ouvrir toutes les portes. Cependant, il leur devenait bien difficile de travailler ensemble. Pour dépister la police, ils durent se séparer. Ils exercèrent leurs petits talents chacun de son côté. Et ils se retrouvaient le plus honnêtement du monde pour épuiser