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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/131

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flacons qui se trouvent dans le sac. On se croirait dans une clinique. Pauvres meubles ! qu’est-ce qu’elle leur prépare ! Du bout d’un pinceau qu’elle trempe dans un godet cerclé d’argent, elle enduit tous les instruments d’une matière noire.

Elle m’explique que c’est un vernis qui sèche quasi instantanément. Invention de Durin. On évite ainsi de les bronzer, ce qui rend les outils moins malléables, moins dociles, et l’on n’a pas à craindre un brillant dont il faut toujours se méfier. La première condition pour faire un bon rat d hôtel ou d’appartement est de ne point se séparer de la nuit… Elle m’a dit tout cela d’un ton net, professionnel. C’est toujours logique, sans réplique, impressionnant.

L’une après l’autre, elle m’énumère les pièces de la trousse, me les présente, les tourne et les retourne entre ses longs doigts souples, gantés de noir, m’enseigne les services qu’on peut leur demander, me les désigne sous leurs noms propres. Voici d’abord les clefs, au nombre de vingt et une, rossignols ou crochets, quatre pinces-monseigneur… Les pinces-monseigneur, je ne puis me défendre d’en prendre une en main (c’est cela, me dit-elle « familiarisez-vous » !), la plus belle ! Comme je la sens bien en main ! Je la soupèse, je la dresse devant moi, je la balance, j’en mesure mentalement la force et la résistance, la confiance que l’on peut avoir en elle, telle l’épée dont une noble dame vient d’armer le gentil chevalier… et je la remets à sa place, avec respect.

Deux de ces pinces sont à boucle, pouvant servir