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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/167

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Elle me met son petit poing sur la bouche. Je suis prêt à défaillir : « Get out ! me souffle-t-elle… allons ! fichez le camp, vous me gênez ! »

Tout de même, je ne suis pas lâche ! Je ne veux pas qu’elle me prenne pour un lâche ! Sous le coup de fouet, je bondis sur le talus :

— Finissons-en !

— Imprudent ! well, et le gardien ! s’il avait entendu les chiens !…

— Ah ! il y a un gardien !… Et je m’aplatis.

Elle s’aplatit près de moi. Son doigt me désigne, à travers les arbres, sur la gauche, éclairé par la lune, un toit. C’est la loge du gardien, au coin de la grande grille qui ouvre sur le boulevard. Enfin, elle se redresse, en me frappant sur l’épaule : « Le gardien n’a rien entendu, nous sommes O. K. !… »

Trousseau de clefs, petit outil, porte ouverte. Dans le jardin, nous faisons le tour, sur la droite, d’un tertre gazonné en pente, au sommet duquel se dresse un kiosque au toit de branches, d’une rusticité classique. Nous glissons comme des ombres. Je regarde la matraque d’Helena et je souhaite pour le gardien, autant que pour nous, qu’il ne se réveille pas.

Il me semble bien que j’ai fini de faire le trembleur. Je suis assez content de moi, pour une première fois, pour une vraie première fois. Sous nos semelles de cordes, nos pas ne s’entendent point, même sur le gravier des allées. Il embaume, ce jardin. Est-ce que M. Jacob aimerait les fleurs ? Ça me gênerait. Nous longeons des serres. Nous