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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/185

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— Trop vengés ! chère Helena ! Songez-y !

Et je frissonnai, c’était une nouvelle affaire qu’elle me proposait. Accablé, je la laissai parler. Elle me démontrait que Durin avait préparé ce coup-là aussi soigneusement que l’autre.

— Si tu aimes mieux rentrer à Deauville, tout seul ?

Je fis un geste de protestation. Ma lâcheté n’allait pas jusque-là. Je devais à cette femme la plus belle semaine de ma vie. Et c’était elle qui l’avait payée ! Je ne pouvais la lâcher dans un moment d’ennui. Et puis, Helena m’avait fait un nouvel état d’âme et aussi l’étrange existence que je menais depuis mon départ de Paris. Il me fallait de l’argent à tout prix. L’humanité m’apparaissait sous un jour nouveau. Le monde se livre un combat sans merci. Aux plus malins à se débrouiller et aux plus forts. Enfin, j’avais l’expérience passée. Je n’en étais plus à mon coup d’essai. Je savais combien le travail était simple. Et la tête d’Abraham serait peut-être moins funèbre à contempler, le coup fait, que celle de ce pauvre M. Jacob. Toutes ces crapules assises sur leur tas d’or méritaient une bonne leçon !

— Helena, lui dis-je, vos yeux sont de véritables yeux de chat, tantôt doux et pleins d’une volupté intime qui m’affole, tantôt brûlant des feux les plus cyniques, tantôt d’une fierté royale. Comment voulez-vous que je me passe de vos yeux ? Je les suivrai partout !

— Tu as une âme naïve et bonne et tu parles comme un livre, mais tu es plus intelligent que tu