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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/211

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prolongé m’avait débarrassé de mon maquillage, et rendu à moi-même.

— Madame, j’ai commencé si tôt ! À peine sorti des bancs du collège…

Elle m’interrompt, mutine : « Oh ! je sais ! je sais… je connais votre histoire… je la connais par cœur ! Eh bien ! je vous croyais plus terrible que ça, vous savez ! Vous n’avez pas l’air méchant du tout ! Mais, j’y pense… comment êtes-vous ici ? »

— Eh bien ! voilà, madame ! Je désirais vous voir !

— Mon Dieu, qu’il est drôle ! On le disait bien, monsieur, que vous étiez drôle ! Je suis bien contente que vous ne vous soyez pas noyé, vous savez ! Mais ce que vous êtes trempé, par exemple !

— Un peu…

À ce moment, on frappa à la porte, et elle sursauta. Puis, reprenant ses esprits et me faisant signe de ne pas bouger, elle demanda sur un ton des plus désagréable : « Qu’est-ce qu’il y a ?… »

— C’est moi, Trompette !

— Je suis couchée ! Et je désire qu’on me laisse tranquille. Je n’ai plus besoin de toi ! Que font ces messieurs ?…

— Ils sont sur le pont. Ils ont fait dresser la table de poker.

— C’est bien ! Bonsoir, Trompette !

Et tout bas, elle me dit : « C’est ma femme de chambre !… » Alors, je lui soufflai :

— Je meurs de faim et de soif.

Elle rappela Trompette.