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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/212

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— Apporte-moi tout de même une aile de poulet et du champagne.

— Madame, vous savez qu’on dit qu’il s’est noyé, le pauvre garçon !… et elle s’éloigna.

— Je vous inonde ! fis-je.

— Oh ! Trompette arrangera cela… On va « vous changer ».

Je lui baisai les mains. Mais elle suivait son idée :

— Maintenant, qu’est-ce que nous allons faire de vous ? Nous sommes partis en croisière pour les côtes d’Espagne. Je crois que nous ferons une station à Saint-Sébastien, s’il y a une course de taureaux. Comment vous cacher jusque-là ? Mon mari couche ici… et vous l’avez entendu, n’est-ce pas ? Il y a bien une couchette au-dessus de Trompette, et personne ne va dans sa cabine.

Elle parut réfléchir, et puis : « Non, pas ça ! » Elle me regardait en dessous.

— Pourquoi ? fis-je. On pourrait mettre Mlle Trompette dans la confidence… elle ne paraît pas mal disposée…

Alors, avec le même regard :

— C’est qu’elle est gentille. Trompette ! Et j’ai répondu d’elle à sa mère. C’est notre concierge, à Paris.

— Oh ! Madame ! Pour qui me prenez-vous ? Je vous jure que ça n’est pas mon genre…

— Oui. Paraît que vous travaillez dans les femmes du monde.

Je ne répondis pas, mais mon silence était d’une fatuité…