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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/219

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que de la bougie D. S. Didier-Sam). Je passai là de curieux jours et de singulières nuits ! Georgette, Trompette ! L’une me reposant de l’autre, si j’ose dire, et je m’en tirai à mon honneur. Je n’étais qu’à bout d’imagination pour les histoires dont elles ne se lassaient jamais. Et il fallait qu’elles fussent terribles, le plus terrible possible « pour nous faire peur !… » Quelles enfants adorables ! Elles tremblaient d’effroi dans mes bras : « Dis encore ! Dis encore ! »

Trompette me déclarait le plus sérieusement du monde qu’elle n’aimerait jamais que moi, et que, lorsque je la quitterais, elle entrerait au couvent. Elle me faisait des scènes à cause de Georgette.

— Elle ne t’aime pas comme moi, elle ! Et ça se comprend. Elle en a eu tant et plus, tandis que moi, tu es le premier (tu penses), et tu seras le dernier !

À la vérité, cette animosité de Trompette contre sa maîtresse était assez compréhensible, car Georgette ne se gênait nullement devant elle. On eût dit même qu’elle prenait un méchant plaisir à voir souffrir la pauvre enfant. Elle ne perdait pas une occasion de lui prouver notre familiarité. C’était sans doute sa façon de se venger de nous deux, et d’une situation qu’elle était bien obligée d’accepter. Car enfin, toutes les nuits, quand on entendait le Sam descendre de son éternel poker, elle était dans la nécessité de me renfermer dans la cabine de Trompette, et c’était une femme trop avertie pour que je pusse l’égarer sur la nature de mes relations avec la petite pomme d’api.