Page:Leroux - Mister Flow.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tins plus. J’aurais risqué bien des choses pour une petite promenade sur le pont. Georgette n’était pas encore descendue, retenue là-haut par le capitaine, qui lui faisait un cours d’astronomie. Les autres faisaient, avec Sam, leur poker dans le fumoir. La chaleur était forte et la nuit sans lune, je dis à Trompette, instruite de mon impérieux désir :

— Va voir là-haut ce qui se passe ! et si je puis, sans danger, faire un petit tour…

Après cent observations, elle se décida à faire ce que je lui demandais. J’avais laissé la porte de la cabine entr’ouverte sur la salle à manger. Je vis une ombre réapparaître au haut de l’escalier. Je crus que c’était Trompette, et je m’avançai dans l’ombre. Mais le commutateur fut aussitôt tourné, et je me trouvai en face d’une femme que je ne connaissais pas, mais dont j’avais entendu souvent la voix. C’était Adélaïde d’Armor, le bas bleu.

Elle poussa un cri d’effroi, et je me rejetai instinctivement dans la cabine de Georgette. Aussitôt, j’entendis la voix de Georgette et les deux femmes entrèrent derrière moi :

— Taisez-vous, je vous en conjure ! suppliait Georgette.

Et elle ne trouva rien de mieux, pour sauver la situation, que de dire à Mme d’Armor qui j’étais. Adélaïde était une grande femme sèche, suave comme un coup de trique, figure en lame de couteau, les cheveux courts ramenés à la Titus sur le front et sur de grands yeux vitreux et inquiétants.