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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/222

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Elle avait au moins quarante-cinq ans et un peu de moustache.

— Je vous ai dit de ne jamais sortir de la cabine de la femme de chambre ! me jeta Georgette sur un ton des plus sévère. Allez vous y enfermer, et qu’on ne vous voie plus !

Le lendemain, comme j’étais dans la cabine de Trompette, la porte qui faisait communiquer cette cabine avec la salle de bains s’ouvrit, et je vis entrer Mme d’Armor. Elle venait soi-disant pour m’interviewer, et elle tomba dans mes bras. Je veux dire qu’elle me prit dans les siens : je me dégageai avec une certaine énergie.

Mais elle se cramponna en me soufflant dans le cou des phrases de roman. Je fus impitoyable. Deux, ça allait bien, mais trois ! Elle fut plus maltraitée que la femme de Putiphar. Je m’étais sauvé chez Georgette. Elle m’y rejoignit. Je retournai chez Trompette. Alors, elle renonça à ma conquête et je l’entendis gravir l’escalier avec des propos menaçants.

Je n’étais pas fier. La dame à la moustache ne tarderait pas à se venger.

Dans le moment, il y eut une manœuvre à bord, nous diminuâmes de vitesse, et j’entendis que nous étions en face de Saint-Jean-de-Luz. J’allais être dénoncé par le bas bleu. Il n’y avait pas à hésiter. Je savais où Trompette cachait ses économies. Je me les appropriai en me jurant de les lui rendre plus tard, avec un petit cadeau de supplément. Je me faufilai à quatre pattes sur le pont, je jetai un