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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/239

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de s’être laissé aller à un geste qui sera le remords de ses jours. C’est un honnête homme. Son casier est vierge. Son patron est prêt à le reprendre à son service. Je demande l’indulgence du tribunal et l’application de la loi de sursis…

Le président demanda si sir Archibald Skarlett était dans la salle. Un homme se leva et, précisément, le vieillard haut et sec, aux yeux pâles, que j’avais vu avec Helena à Lion-sur-Mer. Il se borna à répéter qu’il reprenait Durin à son service, car c’était un excellent serviteur qui avait été victime d’une inspiration du « méchant être » (le démon ! mot tabou).

Les juges sourirent et le président, après s’être penché vers ses assesseurs, était prêt à prononcer le jugement attendu quand un gentleman, qui avait de singuliers points de ressemblance avec sir Archibald, s’avança et demanda, en excellent français, à être entendu : « Je viens ici sauver mon frère, dit-il, et vous apprendre qui est ce Durin, qui a surpris sa confiance dans une intention certainement des plus criminelle ».

Et, après s’être nommé (c’était sir Philip, frère cadet de sir Archibald), il se tourna alors, tout d’une pièce, du côté de Durin et lui jeta à la figure :

— Vous êtes un misérable !… Vous êtes le célèbre Mister Flow !…

Cette accusation inattendue, qui pouvait être l’annonce des complications les plus redoutables pour moi, me frappa comme la foudre et je me laissai aller sur mon banc, comme si, tout à coup, la vie m’échappait. Heureusement que personne ne me