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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/241

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— On pourrait demander à sir Archibald ce qu’il pense de cette étrange histoire…

Sir Archibald se leva et dit :

— Je la déplore, car elle est insensée, et je prie mon frère Philip de ne pas insister. Je répète que j’ai eu, pendant deux ans chez moi, à mon service, le nommé Durin et que je n’ai eu qu’à m’en louer.

Durin, lui, sur son banc, avait l’air de plus en plus ahuri. Quant à sir Philip, il continuait de le regarder d’une façon terrible, ce que voyant, le président pria le témoin de se retourner vers le tribunal et de bien vouloir expliquer sa déposition.

Sir Philip, qui avait dû se taire, sous les éclats de rue et autres manifestations de la salle, reprit, sur un ton des plus sec :

— Je ne suis ni fou ni ridicule, comme mon honorable frère voudrait le laisser entendre. Je n’ignore pas non plus que Durin étant en prison, on a mis sur le compte de Mister Flow des vols et autres aventures retentissantes. Mais, qu’est-ce que cela prouve ? Que l’on s’est trompé, voilà tout. Et, maintenant, je vais vous dire comment j’ai été amené à cette certitude. Pendant que nous étions aux Indes, mon frère et moi avons cessé toute relation, par suite des intrigues d’un étranger qui avait réussi à se glisser dans notre société. Le nom sous lequel cet affreux individu s’est présenté à nous, je ne puis le dire et je ne veux pas le dire, pour l’honneur de mon frère, et je suis sûr que sir Archibald ne me blâmera pas de ma discrétion.