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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/266

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accompagnée de l’éternelle Mrs. Tennyson. Je ne connaissais pas à lady Skarlett cette beauté funèbre. Dans les longs voiles dont sa tête est enveloppée, elle a quelque chose de la pleureuse antique. Toutes les ardeurs de ce bronze brûlant sont éteintes. Plus encore que ses voiles, sa pâleur me la cache. Et quelle gravité dans son accueil ! Mais sa main serre longuement la mienne et je sens toute sa tendresse reconnaissante :

— Merci, Rudy, d’être venu ! Rentrons tout de suite, voulez-vous ? Sir Archibald est très souffrant.

Je m’assieds en face des deux femmes, tout à fait perplexe. Que se passe-t-il ? Helena déteste Archibald. Cependant, elle ne joue pas la comédie. Elle sait bien qu’elle m’a trop fait de confidences ! Alors, pourquoi cette figure fatale quand je sais que sa joie est parfaite de me revoir ?

— Sir Archibald se portait encore très bien, il y a trois jours, et puis il est tombé subitement en proie à d’atroces douleurs. On a diagnostiqué une crise hépatique. Maintenant, il va mieux, mais il est si faible, si faible… Alors nous avons « décommandé » tous nos amis, excepté vous !

Pourquoi excepté moi ? Elle ne me le dit pas.

— Vous êtes là, Rudy ! Et cela me donnera du courage…

— On redoute donc une issue fatale ?

— Il faut tout prévoir, Rudy !

Elle se tait ! Mais leur silence, à toutes deux, me semble cacher des choses… des choses… Je regarde Mrs. Tennyson, cette « Mina » devant