Page:Leroux - Mister Flow.djvu/267

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laquelle Helena m’appelle si tendrement « Rudy ».

Mais Mina ne compte pas ! C’est une petite statuette d’Orient, aux yeux de verre. Des yeux dont le regard immobile est le plus souvent tourné vers Helena, comme si elle en attendait un ordre, un signe. Je suis persuadé qu’Helena doit avoir vis-à-vis d’elle bien des caprices quand elle s’ennuie, et Mina doit être là pour les supporter. Elle l’a recueillie à la mort de Mr. Tennyson. En dehors de cela, mystère !… Mina est peut-être très heureuse, même quand Helena la fait souffrir. Mais ce ne sont pas ses yeux qui le diront jamais.

— La vie ne va pas être gaie pour vous à Black Rooks, cher Rudy. C’est bien égoïste de notre part de vous accaparer dans un pareil moment…

— Je suis votre ami, Helena. Tout ce que vous me demanderez, je le ferai.

Elle mit sa main sur la mienne et l’y laissa longtemps et ceci est infiniment doux et me paie à l’avance du drame dont je vois les portes s’entr’ouvrir devant moi…

Je suis décidé à les franchir sans un regard en arrière. Elle est si belle, cette fille de Satan ! Et sa main qui presse la mienne me dit qu’elle m’aime !…

Étrange, étrange amour ! Ce que j’ai rencontré chez cette femme, c’est quelque chose qui est peut-être le contraire de l’amour, tel que nous l’entendons chez nous, et ce n’en est peut-être pas moins de l’amour tout de même. Vaine formule, qui n’explique rien. Mais Helena est-elle explicable ?