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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/277

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humeur quand Durin, poussant ma porte, m’apporta ma valise.

Il paraissait lui-même assez mal en point ; cependant, il me demanda fort respectueusement des nouvelles de ma santé et m’exprima le plaisir qu’il avait à me revoir.

— Lady Skarlett s’excuse auprès de Monsieur, me dit-il. Monsieur déjeunera seul. Madame est avec les médecins, dans la chambre de sir Archibald.

— J’ai appris qu’il allait mieux !… fis-je.

— Lui ! s’écria-t-il avec un ricanement sinistre que je n’oublierai de ma vie, il nous enterrera tous !…

Là-dessus, il me quitta en claquant la porte d’une façon assez indécente, mais il ne paraissait plus maître de ses mouvements.

Je ne touchai guère au lunch qui me fut servi dans une salle à manger haute et froide. Les énormes bûches qui faisaient leur braise dans une cheminée tenant la moitié du mur ne parvenaient pas à me réchauffer. Le vent gémissait par intervalles avec une violence subitement déchaînée, comme une meute qui se rapproche, accourt, aboyante et rageuse, puis s’éloigne pour revenir encore. La fumée des braises, souvent rabattue, tourbillonnait, envahissait la salle. J’étais obligé de m’écarter. Les ancêtres devaient saurir dans cette boucane.

Mais ça ne les gênait pas, paraît-il. Le maître d’hôtel que l’on avait fait monter d’Édimbourg pour la saison des chasses me narrait que lorsque les lairds étaient réunis auxquels se joignaient quelquefois ceux des petites îles du Nord, tout venait sur