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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/278

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la table par paires : les énormes morceaux de porc rôtis, les gigots et les poissons qui étaient toujours d’une taille prodigieuse. En manière de hors-d’œuvre, on servait à chacun une douzaine de bêtes à plumes. On ne buvait que du porto et de l’eau-de-vie, fournis par les contrebandiers ou pirates. Et c’étaient des paris extravagants pour vider les pots. Tel engageait sa femme, son château, et l’on fumait les pieds sur la table, en chantant en chœur des ballades. Pas de dames. Ils roulaient à tour de rôle par terre. Le dernier debout était proclamé roi de la fête. Maintenant, tout a bien dégénéré, les gentlemen farmers de la côte ont voyagé et en remontreraient à la gentry d’Édimbourg. Toutefois, on retrouve ces mœurs dans certains coins perdus des Highlands et quelques western squires d’aujourd’hui se montrent les dignes descendants des chefs de clan d’autrefois.

— Ce n’est pas chez sir Archibald, fis-je, que l’on trouverait pareille compagnie…

— Sir Archibald est un grand seigneur d’aujourd’hui. Mais il y a certains soirs de chasse, ajouta-t-il avec son plus fin sourire, où, quand les dames sont parties, Leurs Honneurs mettent encore leurs pieds sur la table…

J’en étais réduit à cette conversation. On m’avait abandonné à ce domestique. Je ne m’en plaignais pas du reste, car c’est sans entrain que j’aurais accueilli comme compagne de captivité cette étrange et toujours muette Mrs Tennyson, que je n’ai jamais pu regarder sans malaise.

Je remontai dans ma cellule. C’est là qu’Helena