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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/279

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vint me trouver. Elle était enveloppée d’un manteau de montagne et tout encapuchonnée d’une toque qui lui cachait les oreilles :

— Venez, Rudy, j’ai dit à sir Archibald que j’allais vous faire faire un tour avant le thé. Il vous souhaite la bienvenue. Il se fera un plaisir de vous voir ce soir. Il va beaucoup mieux. Il va beaucoup mieux qu’avant ! Ce n’était qu’une crise hépatique, mais il devra suivre un régime sévère…

Elle me disait tout cela en m’entraînant. Elle me faisait passer par des petits couloirs, des escaliers qui tournaient sur eux-mêmes. « Excusez-moi, nous irons plus vite par ici… » Elle me fit traverser la cour d’honneur presque en courant et ne s’arrêta pour me laisser souffler que lorsque nous fûmes sortis de cette sombre demeure…

Elle-même respira longuement, et puis nous reprîmes notre course dans le vent, fouettés par une petite pluie glacée.

Je m’imagine, Rudy, que nous fuyons ce château pour toujours, et que je ne le reverrai plus jamais !… jamais !… Never more… Ah ! darling !… if you only knew !… si vous saviez !

Elle eut une plainte si désespérée que je voulus emprisonner sa douleur dans mes bras, mais elle s’échappa et se reprit à courir, fuyant les Black Rooks et m’appelant : « Viens ! viens ! »

Et j’allais, j’allais à travers le vent, à travers la pluie, comme si elle m’avait pris au lasso, comme si j’obéissais au fil invisible avec lequel elle m’avait noué à ses pas. Et elle grimpait à travers les roches,