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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/286

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ma lâcheté. Car, au fond, je savais que Durin était tout à fait capable de ce crime. Mais j’en écartais la pensée de celui que j’aurais dû mettre en garde pour ne pas être mêlé personnellement à une abomination pareille ! Et puis, voilà qu’en me défendant j’allais peut-être me perdre pour l’avoir trop défendu. Lui !… Non ! Non ! je n’aurais pas dû prendre aussi chaudement sa défense ! C’était une faute, cela !… une faute incalculable !… et peut-être un crime !…

Ce qui finit de m’épouvanter, c’est que sir Archibald, tout en écoutant mes protestations véhémentes, s’était mis à siffler. Oui ! il sifflait… froidement. Et moi, je n’avais pas besoin de cela pour sentir tout tourner autour de moi. Brusquement, sir Archibald s’arrêta de siffler, et je fus encore plus épouvanté. Il me disait :

— Qui vous fait penser que j’aie eu pitié de lui ?

En vérité, je ne savais que répondre. Je vous le demande.

Que vouliez-vous que je répondisse à une telle question posée sur un ton pareil, le ton d’une réflexion profonde et infiniment sournoise. Alors, il continua comme si je lui eusse répondu :

— Vous me dites : l’audience ?… Eh bien, l’audience ! J’ai fait ce que je devais faire pour ramener Durin chez moi ! Vous avez cru que je voulais sauver son âme ? Me prenez-vous pour un imbécile ? Que son âme aille au diable ! Mais pas sans ma permission ! Voilà pourquoi il est ici !

Et moi, pensai-je, pourquoi suis-je ici ? Pourquoi