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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/289

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chement de ce damné faux Mr. Prim !… Je vais donc vous dire le nom de cet homme, ou tout au moins de celui que je soupçonne être cet homme, conclut-il en cessant d’agiter son insupportable index et en se penchant au dessus de moi avec une brusquerie de polichinelle qui se casse en deux, contorsions qui m’eussent fait sourire en d’autres temps. Certainement, je me serais bouché les oreilles si mes mains n’eussent été occupées à me maintenir sur ma chaise avec une énergie forcenée, et, du reste, tout à fait inconsciente…

— Il s’agissait d’un certain… d’un certain Victor !

— Vous… vous dites ?…

— Un certain Victor… Victor Bermont, vous ne connaissez pas cela ? C’est un garçon coiffeur, place de la Bourse, et ça habite rue Notre-Dame-des-Victoires. Il prend des paris pour les courses, et il était à Deauville cet été !

Je revenais de loin, je crois que je n’étais jamais revenu d’aussi loin ! Certes, le bonhomme était sur la piste, et, en toute autre circonstance, je ne m’en fusse guère réjoui. Mais j’avais eu tellement peur d’autre chose ! d’autre chose de définitif, d’irrémédiable ! Maintenant, j’avais au moins le temps de me retourner, de réfléchir. Depuis qu’il avait prononcé le nom de Victor, mes pensées recommençaient à prendre forme. Dans la solitude, elles allaient se grouper à nouveau, les pensées « pour » d’un côté, les pensées « contre » de l’autre… Et ensuite, à moi de me tracer une ligne, une ligne de